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DE GÉOLOGIE.


DES COURANS PRODUITS PAR LES DÉBACLES DES LACS, ET DE LEUR ACTION.


Sulzer a fait voir[1] que les débâcles simultanées de plusieurs lacs placés les uns au-dessus des autres, produiraient de grandes vallées:leurs eaux, dans leur course rapide, sillonneraient les terrains qu’elles traverseraient, en entraîneraient les terres, et formeraient ainsi d’immenses vallées ; la profondeur de ces vallées paraîtrait augmenter la hauteur des montagnes dont elles seraient entourrées.

Il est assez vraisemblable, par exemple, qu’à une époque plus ou moins éloignée, le lac de Genève s’élevait à une assez grande hauteur sur le Jura, et que la vallée par laquelle il s’écoule au fort l’Écluse n’existait pas ; il s’est frayé subitement un passage par cette vallée… On sent quels effets une aussi grande masse d’eau, qui s’écoulait avec une vîtesse prodigieuse, à du produire ; elle a excavé cette vallée profonde et étroite dans son cours impétueux ; tout ce qui s’opposait à son passage fut entraîné ; le courant a pu se diriger vers un côté plutôt que vers un autre. Il put gagner, par exemple, du côté du mont Saleve, qu’il rongea, dégrada et coupa à la hauteur de plusieurs centaines de toises; quelques collines, quelques montagnes, auront pu même être entièrement renversées. Tous ces débris, sous forme de dales, de pierres roulées… furent charriés au loin, et peut-être jusqu’aux limites de la Méditerranée, dans ces tems-là : ils purent y former des collines.

Car, les galets nombreux dont sont composées les collines des environs de Lyon, et les plaines adjacentes du Dauphiné, y ont sans doute été apportés par la débacle du lac de Genève,

  1. Mémoires de l’Académie de Berlin, 1762.