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DE GÉOLOGIE.

l’énorme pression, quelques substances seraient volatilisées, cette élastification devrait produire, dans la masse comprimante, des soulèvemens répétés qui amèneraient enfin les couches à l’état où nous les voyons actuellement. »

De grandes masses de verre fondu dans les verreries, et refroidies lentement, se dévitrifient au point qu’elles perdent tous les caractères de verre, pour acquérir ceux de vraies pierres.

Fleuriau de Bellevue nous en a rapporté un exemple bien remarquable (Journal de Physique, tom. 60, pag. 409). Dans une verrerie, auprès de la Rochelle, le verre était dans les creusets, prêt à être coulé. Des événemens militaires survinrent inopinément. Les ouvriers obligés de fuir, abandonnèrent leur atelier. Après plusieurs mois, ils revinrent, et furent fort étonnés de trouver, dans leurs creusets, des pierres, au lieu du verre qu’ils y avaient laissée.

Ces pierres étaient fibreuses, au point qu’on les aurait volontiers prises pour de la trémolite ; mais il y restait adhérentes encore quelques portions de verre. Leur couleur était blanchâtre.

Dans mes promenades lithologiques et géologiques aux environs de Paris, je vais avec mes élèves à la verrerie de Sèvres, et j’ai souvent pu leur faire observer ce phénomène dans le fond des creusets cassés et rejetés. On y voit, au lieu de verre, une matière pierreuse, qui a quelque ressemblance avec de la trémolite fibreuses. Elle est extrêmement dure, et on ne peut la casser qu’avec peine. Sa couleur est rougeâtre, couleur qui est due à de la manganèse qui se trouve dans les cendres, et la soude.

Tous ces faits indiquent la manière dont les substances pierreuses auraient pu cristalliser, dans l’hypothèse qu’elles eussent joui d’une liquidité ignée, analogue à celle des laves.