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Éternels affronteurs des vents,
Qui font sortir leur âme à l’heure où l’âme tremble,
Qui disent au tonnerre : « Eh bien ! partons ensemble ! »
Guides héros, fanaux vivants !

Ils en sont, ceux qui vont, tâche obstinée et dure,
Puiser les vérités dans leur citerne obscure,
Et par passion de savoir,
Troubler — Bellot ! Francklin ! malgré vos tristes ombres —
Les silences du Nord, pleins de craquements sombres,
Son froid de tombeau, son ciel noir !

Tous, les humbles, les grands, fils de la même tâche,
Que la mer les caresse ou que la mer se fâche,
Vont contents à ses rendez-vous ;
Qu’importent les typhons ou les milliers de lieues !
Ils l’aiment, la sorcière, et dans les vagues bleues
L’infini leur fait les yeux doux !

L’homme entendra toujours l’appel des grandes choses.
Ce siècle à présent marche à des apothéoses
Qui se feront — ; non sans combats !
Mais sur les vieux destins la science est lancée,
Et ces murs de prison sous l’ardente poussée
Voleront bientôt en éclats !