II
Ô navire ! ô monture ardente du génie !
Où vas-tu ? Pour quelle œuvre étonnante et bénie
Fais-tu flotter tes pavillons ?
Avec ton bruit de forge et tes rumeurs de fête,
Pour quelle découverte et pour quelle conquête
Pars-tu dans l’ombre et les rayons ?
Autrefois tu servais de cupides colères.
Le temps des galions fut le temps des galères.
Tu portais l’esclavage et l’or ;
Quand ta proue insultait la rive américaine,
Elle apportait l’épée et non l’amour ; — la haine
De tes flancs noirs prenait l’essor !
Ces jours sont expiés. L’oppression barbare
Est morte, et Lafayette a remplacé Pizarre.
Le navire est libérateur.
Pacifique, il laboure ; et sa tâche est immense,
Et derrière sa poupe, un Dieu même ensemence
Son sillon civilisateur.