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Les forces, ses démons, tournent pour lui la meule.
Ô merveille ! il a mis une boucle à leur gueule ;
Elles vont, creusant ses sillons :
La mer s’écarte. Un jour peut-être l’intrépide,
Qui tire le canon sur la trombe, et la vide,
Saura mater les tourbillons.

Peut-être saura-t-il museler la tempête ;
Et, sûr de son pouvoir, tranquille, tenir tête
Aux équinoxes déchaînés ;
Alors de l’Équateur au Pôle, sans secousse,
Il ira tel qu’un siècle heureux, en pente douce,
Coule aux âges prédestinés !

Mais déjà voyez-le, superbe, enflant ses voiles,
Vaste et pourtant rapide, et riant des étoiles,
Énorme et léger toutefois ;
Puis, sur les bords, ce bout d’écorce qui chavire…
Regardez et songez ! l’homme a fait ce navire
Avec cette cosse de noix !