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LA VIE DE SON ESPRIT

loin que Charloroi, Bruxelles, Douai, Paris. Cette description géniale venait d’un souvenir d’enfant : la Meuse débordant au moment des grandes pluies printanières ou automnales, et roulant ses eaux limoneuses dans une prairie entre Charleville et Mézières ; l’imagination faisait le reste et aussi l’Iliade : poluphlosboio thalassès, et les mille sonorités figuratives de l’Eneïde.

Même science rythmique, même richesse de rimes dans le fameux sonnet des Voyelles. Développement de cette science dans les Chercheuses de poux, dans les Corbeaux. C’est le moment où il vient d’être appelé à Paris par Verlaine. Ses causeries avec un homme d’une si profonde intelligence et d’un sens artistique si merveilleusement délicat lui suggèrent de nouveaux raffinements dans la forme. Avec l’auteur de la Bonne chanson il reconnaît que l’emploi perpétuel de la « consonne d’appui », au lieu d’être indispensable, peut très bien passer pour insuffisant, que la rime doit ne pas se contenter d’être uniformément rigoureuse ou « riche », mais tendre à plus d’action efficiente par des