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LA VIE DE SON ESPRIT

suffit de suivre la marche d’abord souple, calme, et fatale du bateau sur les « fleuves impassibles », jusqu’à la glissade en l’estuaire :

Les fleuves m’ont laissé descendre où je voulais,

jusqu’au

… clapotement furieux des marées.

quand la cadence tout à coup se brise, rebondit, sursaute, et jusqu’aux danses inégales sur le flot, jusqu’à l’abandon aux caprices, aux fureurs, aux langueurs des vagues innombrables.

« Dans Bateau ivre, disait Verlaine, il y a


    Et depuis je me suis baigné dans le poème
    De la mer…

    (Bateau ivre).

    Il entend leurs cils noirs battant sous les silences
    Parfumés…

    (Chercheuses de poux).

    Et qu’interrompt parfois un sifflement, salives
    Reprises sur la lèvre, ou désirs de baisers…

    (ibid).

    Inutile d’expliquer au lecteur ce qui est par lui si directement, immédiatement senti, de même que ces