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LA VIE DE SON ESPRIT

solides, plus maîtresses que les acquisitions dues seulement au plaisir des lectures. Si les poètes de la Renaissance, les écrivains romantiques ou réalistes du XIXe siècle lui donnent le goût du pittoresque et l’obsédant besoin d’observation qui se manifesteront dans toute son œuvre (voir surtout Les Assis, Les Pauvres à l’église, Oraison du soir, Accroupissements) ; si le rigorisme familial, en poussant Rimbaud à chercher les compensations du vagabondage, est aussi une circonstance favorable qui développe en lui la faculté de voir ; si l’instinct de liberté absolue, produit nécessairement par toute compression autoritaire, l’habitude à dédaigner, à éviter, à fuir en ses écrits, comme en sa conduite, ce que l’on appelle « mesure » et qu’il considère comme banalité ou froideur —, la discipline formiste due au latin subsiste et prédomine. Il échappe à toute loi, excepté à la forte loi de Rome. Ce n’est pas sans résultats s’imposant définitifs que l’on a scandé longtemps le mètre latin, que l’on a été sous la crainte unique, salutaire, des fautes de quantité. Il en vient toujours, en goûtant les poètes