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AVANT-PROPOS


Des admirateurs de Rimbaud demanderont pourquoi je n’ai pas écrit sur ce grand poète un ouvrage aussi considérable que celui consacré à Verlaine ; question bien naturelle si l’on juge de ces deux noms d’après leur importance dans l’histoire de notre littérature, car ils représentent une innovation capitale en poésie française : le Rythme expressif.

On peut leur trouver des prédécesseurs, — il n’est nulle part de « génération spontanée », — citer au besoin Racine[1] en de très rares essais, La Fontaine en quelques fantaisies de coupe éveillant le soupçon d’un commencement

  1. Boileau même, si l’on veut, a fait un jour du rythme expressif :
    Suspende l’hémistiche, en marque le repos.

    Racine paraît avoir cherché l’expression plutôt par des sonorités.