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LA VIE DE SON ESPRIT

Tel Rimbaud possédé par les latins. Il y eut là une sorte de fatalité. L’enfant timide, farouche, secrètement volontaire, porté à isoler son âme, a reçu d’abord, avidement aspiré la poésie paisible et impérieuse à la fois du Catholicisme, puis a voulu s’en délivrer par contre-coup de la révolte qui montait dans lui en soubresauts graduels, dès l’âge conscient, contre l’incessant dogmatisme trop terre-à-terre de l’autoritarisme maternel (voir les Poètes de sept ans). Et ce besoin d’échapper au milieu familial en fait un studieux éperdu. On veut, chez lui — par espoir naïf de belles situations bourgeoises — on exige qu’il ait les premières places, les premiers prix au collège, qu’il fasse des devoirs encore et encore, apprenne par cœur des textes qu’on lui fait réciter mécaniquement, caporalement, avant de l’envoyer au professeur… Eh ! bien, ces travaux, ces études, cet emprisonnement avec les cahiers et les livres, c’est un peu de vraie liberté déjà, c’est un commencement de pouvoir vivre intellectuellement pour soi-même ; et puis la classe, c’est, quelques heures par jour au