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LA VIE DE SON ESPRIT

La grandeur de son rôle est de représenter le progrès littéraire dans ce qu’il peut avoir de plus fécond et de plus normal. Il continuait ce fait naturel, impératif malgré toutes aventures à côté : la tradition. L’on avait battu les buissons avec les Romantiques, les Parnassiens : il ramenait la littérature française à la nourriture latine : il la faisait plus que jamais classique.

Je veux dire qu’il se remettait fortement, vraiment, dans le courant de sensibilité artistique de l’Antiquité.

Cette sensibilité nous l’avions perdue en partie au cours du Moyen Âge, retrouvée, croyait-on, mais à peine connue[1] au temps des poètes qui vécurent du XVIe au XIXe siècle.

Qu’est-ce, en effet, que s’inspirer de l’Antiquité ? Est-ce emprunter des sujets à l’histoire grecque ou romaine ? Non, puisque les artistes de l’Antiquité furent des modernistes en leur temps, et que faire de l’histoire ancienne c’est exactement le contraire de ce que faisaient les anciens.

  1. Bien que Racine ait eu de curieuses velléités d’harmonie expressive.