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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

que c’est la saison du confort[1]. » C’était le besoin, l’obligation du confort qu’il redoutait, l’hiver étant une saison tyrannique pour les vagabonds qui ne peuvent se passer alors de petites commodités misérables, forcés qu’ils sont de compter avec les journées de pluie et les nuits de glace. C’est pourquoi Rimbaud tendait vers les pays de soleil. Mais ses deux essais pour vivre sous le beau ciel de la mer Égée venaient s’aboutir à deux échecs. Un jour[2], il me fait part d’un projet vraiment inattendu. Pas besoin d’être missionnaire et prêtre pour aller en orient :

  1. Une saison en enfer
  2. Pendant ses séjours à Charleville, je voyais Rimbaud le jeudi, où nous passions quelques heures à causer dans un café, et le dimanche employé à une excursion champêtre. Il était de la plus grande facilité d’humeur ; j’avais préparé l’itinéraire : « Nous passerons par ici, nous irons jusque-là… » II disait : « Allons !… » se laissait conduire. Pas d’autre fantaisie indépendante que celle-ci : « Quand nous nous arrêterons dans un village, » disait-il plaisamment, « je tiens au plus beau café !… » En arrivant, l’on faisait son choix ; l’ « Estaminet de la Jeunesse » le tentait peu, de préférence il opinait pour le « Café du Commerce » ou le « Rendez-vous des Voyageurs ». Sortant de là, revigorés par une