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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

je dis raser… au rasoir, ce que le perruquier ne consentit à faire qu’après mille étonnements et protestations. Et Rimbaud doit assister aux obsèques de sa sœur en montrant une tête blanche comme du parchemin neuf, de sorte que des assistants, placés un peu loin, disaient entre eux ; « Le frère a déjà les cheveux d’un vieillard !… »

Cependant il est reparti ; le voici en Autriche, allant vers la Bulgarie. Pensant toujours à Mercier que l’obstiné veut rejoindre en son île des Cyclades, ce n’est plus Brindisi, c’est Varna qu’il choisit pour s’embarquer. Mais à Vienne il s’endort dans un fiacre, est dépouillé par le cocher, se réveille sur le pavé sans un sou, allégé de son chapeau, de son pardessus, essaie quelque temps de rester dans la ville et trouver son voleur, a des discussions avec la police, est expulsé comme étranger sans moyens d’existence, puis, d’États allemands en États allemands qui à l’envi le repoussent, déposé à la frontière de France… d’où retour à pied dans ses Ardennes.

« Je redoute l’hiver, avait-il écrit, parce