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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

nuscrit à lire ou faire lire, se rappelle m’avoir donné une Saison en enfer et me la redemande[1]. Et puis en route, en route !… Son but est simple : il sait ou croit savoir qu’un très bon ami parisien, Mercier — qui fut aussi l’ami de Verlaine — s’occupe à présent d’industrie, a une savonnerie dont l’île de Ceos (Zea)[2] ; « l’homme aux semelles de vent[3] » ira le retrouver, rien ne lui paraît plus facile : gagner à pied Brindisi, travailler

  1. Au cours de son existence, Rimbaud posséda un chapeau haut-de-forme dont je le vis coiffé à Charleville ; ce fastueux ornement avait été acheté dix shillings en Angleterre — vers 1872, quand lui et Verlaine cherchaient des leçons de français ; — de même il s’offrit, une fois dans sa vie, des cartes de visite, gravées, sur joli bristol, à Stuttgart, où sa condition d’étudiant vivant chez des petits bourgeois tenant pension de famille, lui imposait certain décorum. Il m’en envoya une de Milan et y avait écrit son adresse : 2 Piazza del Duomo.
  2. Je crois bien me souvenir que Rimbaud me dit Ceos, mais je ne puis l’affirmer absolument, le nom n’ayant guère été prononcé qu’une fois ; il se peut que ce fût plutôt Syra ou Naxos, mais à coup sûr il désignait cette île comme faisant partie du groupe des Cyclades.
  3. L’un des surnoms que lui donnait Verlaine, quand il ne préférait pas l’appeler « philomathe ».