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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

temps le « Monsieur Homais » de Flaubert, il surnomme gaiement « Loyola » [1], mais consent à donner son adresse et Verlaine part aussitôt pour l’Allemagne (février 1875). A Stuttgart ses raisonnements demeurent sans effet sur l’esprit du poète des Premières communions. Rimbaud ne se contente pas de ricaner, il fait boire l’apôtre et le grise. Imprudence, car au moment de la séparation, il y a entre eux une discussion dernière qui tourne en furieuse bataille, à coups de poings seulement, par bonheur, — le condamné de Belgique se gardant bien maintenant de porter sur lui des armes. — Rimbaud lui avait remis la veille, sur ses instances probablement, le manuscrit des Illuminations qu’il enverrait à Germain Nouveau, alors à Bruxelles, en vue de les faire éditer. Une lettre de Verlaine, écrite de Stickney (Lincolnshire) le 1er mai 1875, fait allusion à cet envoi. Le projet n’eut pas de suite et le manuscrit lui revint, selon toute apparence. En

  1. Verlaine lui disait : « Cette lettre je l’ai méditée pendant six mois », et Rimbaud s’écriait : « Mince de méditées !… »