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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

cages », dont les souvenirs tenaces de la poésie latine ont évidemment produit l’harmonie imitative. De Belgique les « errabundi » sont passés en Angleterre (10 septembre), ensuite Rimbaud est revenu dans les Ardennes (novembre), puis retourné à Londres[1],

  1. Je demande pardon au lecteur, mais l’avertis qu’une fréquente répétition des mots parti, retourné, revenu, ne peut être évitée dans l’histoire de Rimbaud. Lors de son premier séjour à Londres, en cette année 1872, outre Félix Régamey qu’il vit souvent à son atelier de Longham street, et qui le croqua paré d’un haut-de-forme impressionnant (Voir l’album de Régamey intitulé Verlaine dessinateur) — il fréquenta les réfugiés de la Commune Lissagaray, Vermersch, Matuszewicks, Andrieu. Il me parla surtout de ces deux derniers, considérés par lui comme étant ses frères d’esprit. Mais Andrieu, littérateur parisien, d’intelligence hardie et fine, était son préféré, il éprouvait à son égard des sentiments de véritable affection. D’autre part, l’ancien membre de la Commune ne pouvait qu’avoir une curiosité très sympathique pour Rimbaud, car il devait être frappé de ce hasard qui le mettait à même de connaître dans le même temps deux génies précoces à trois mois près du même âge : un Français, un Anglais. On sait qu’Andrieu eut pour élève ce fameux beau-frère de Rossetti, l’enfant poète, romancier et peintre Oliver Madox Brown, qui fit à treize ans des Sonnets « d’une originalité d’expression et de pensée étonnante », dit James Darmesteter,