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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

qu’ils seront incompréhensibles — « je réservais la traduction », — tels que Loin des oiseauxÀ quatre heures du matin l’été… En somme il exagère : on comprend, l’on voit que ce sont des sensations ou des souvenirs très simples, qui ont passé en lui plus ou moins rapides, qu’il décrit dans leur ordre ou non, que parfois il fractionne et transpose. Nous pouvons en dire autant de Michel et Christine, de Entends comme brame…, de La rivière de cassis roule ignorée… C’est qu’il faut décrire, décrire et décrire, un système que raillera, plus tard, l’introduction d’une Saison en enfer, mais je me souviens que Rimbaud me disait, en l’été de 1871 : « Toute la littérature c’est cela ! » Et nous n’avons qu’à ouvrir nos sens, fixer avec des mots ce qu’ils ont reçu, nous n’avons qu’à écouter la conscience de tout ce que nous éprouvons, quoi que ce soit, et fixer par des mots ce qu’elle nous dit qu’il lui est arrivé. Dans ces conditions, avec ces exigences d’esprit que déjà il savait avoir quand il parlait à Verlaine de jeter les règles par-dessus bord, la préoccupation formiste, qui avait fait de lui le poète