Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

Les dissentiments dans le ménage Verlaine ayant augmenté d’acuité, il se voit une cause de trouble et de mal, a des scrupules, revient à Charleville où Verlaine, je me souviens, lui écrivait : « On t’en veut, et férocement ; des Judiths… des Charlottes… »

C’est vers la fin de l’hiver de 71-72. Il me parle d’un projet nouveau — qui le ramène aux poèmes en prose essayés l’année précédente, veut faire plus grand, plus vivant, plus pictural que Michelet, ce grand peintre de foules et d’actions collectives, a trouvé un titre : L’histoire magnifique, débute par une série qu’il appelle la Photographie des temps passés. Il me lit plusieurs de ces poèmes (qui n’ont pas reparu jusqu’à présent : peut-être en les cartons de collectionneurs jaloux). Je me rappelle vaguement une sorte de Moyen âge, mêlée rutilante à la fois et sombre, où se trouvaient les « étoiles de sang » et les « cuirasses d’or » dont Verlaine s’est souvenu pour un vers de Sagesse ; avec plus de netteté je revois une image du XVIIe siècle, où le catholicisme de France paraît à l’apogée de son triomphe, et qu’il condensait, il me