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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

son ancienne vie de cafés. Indignation de l’épouse qui se met à détester violemment Rimbaud.

La réputation de celui-ci, pour d’autres causes, devient mauvaise en les milieux d’artistes et de gens de lettres. Et son pressentiment était juste quand en septembre, au moment de partir, il craignait de n’avoir jamais la mondanité nécessaire. Sans doute il va figurer dans le « Coin de table » de Fantin-Latour — aujourd’hui au musée du Louvre — avec Camille Pelletan, Ernest d’Hervilly, Léon Valade, Paul Verlaine, Jean Aicard, Émile Blémont, Elzéar Bonnier ; on l’a présenté à Stéphane Mallarmé, à Théophile Gautier, à Victor Hugo qui le salua de cette parole : « C’est Shakespeare enfant » ; il n’est guère de poètes, romanciers[1], musiciens ou peintres connus par Verlaine qu’il n’ait rencontrés[2]. Mais il a eu dans un

  1. Il me parlait d’une soirée passée au café avec, entre autres, Jules Claretie, qui par sa familiarité camarade, gentille, sa gaieté jeune, avait gagné toute son estime : « Un bon garçon !… » Et dans la bouche de Rimbaud cela n’était pas éloge banal.
  2. Il eut pour ami un jeune dessinateur, Louis