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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

plusieurs années avec le poète parnassien. Rimbaud envoyait beaucoup de ses vers, demandait en même temps des conseils. Verlaine répond, donne les avis demandés, surtout des éloges : « Vous êtes prodigieusement armé en guerre !… » Puis il se concerte avec Charles Cros, Ernest d’Hervilly, Philippe Burty, Léon Valade, Albert Mérat, et alors nouvelle lettre : « Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend » !…

La veille de son départ — fin sep-

    servateur, il connaissait l’auteur des Effarés par des amis communs : Georges Izambard et Léon Deverrière (professeur de philosophie à l’Institution Barbadaux). De dix ans l’aîné du poète enfant, ce septentrional, très froid en apparence, mais d’un cœur extrêmement généreux, lui donna constamment les conseils les plus sages et les plus prudents pour la vie pratique, tout en accueillant avec une curiosité joyeuse les audaces de sa verve et de son imagination. Il compte parmi les meilleurs de ces hommes qui entourèrent d’une sympathie et d’une chaleur nécessaires l’éclosion du génie de Rimbaud. Charles Bretagne, par la suite, quitta Charleville pour Sainte-Marie-Kerque (Pas-de-Calais), où il mourut encore jeune et sans avoir revu les deux poètes. Verlaine lui avait fait envoyer les Romances sans paroles.