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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

d’obtenir par un poète parisien son introduction dans la grande vie littéraire. Il pense à Léon Dierx, à Théodore de Banville, pourtant bien différents quant au sentiment de leurs poésies, mais qu’il aime également, croit deviner en Paul Verlaine, dont il a lu les Poèmes saturniens[1], une nature parente, et, de fait, celui-ci répond à sa première lettre : « … J’ai comme un relent de votre lycanthropie ». La démarche — courant de l’été 1871 — avait été approuvée, appuyée par son ami Charles Bretagne[2], lié depuis

  1. Il connaissait aussi les Fêtes galantes, en parle avec admiration dans une lettre à Georges Izambard. Enfin il venait de lire, dans le Parnasse, Les Vaincus, poème qui montrait le Verlaine d’alors comme un violent insurgé et ainsi le lui rendait encore plus sympathique.
  2. Violoniste de talent, caricaturiste et chansonnier parfois, Charles Bretagne était attaché, en qualité d’agent contrôleur des Contributions indirectes, à l’une des sucreries de Charleville. Son premier poste avait été Fampoux (Pas-de-Calais), où il exerçait les mêmes fonctions à la sucrerie de Julien Dehée, cousin de Verlaine, qui fit chez son parent de fréquentes villégiatures et avec qui le musicien eut ainsi l’occasion de se lier. Esprit délicat, original et profondément ob-