Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

indigner en fumant un brûle-gueule, culotté admirablement, dont le fourneau est tourné en bas… lui le gamin aux joues roses et au petit chapeau melon !… Le collège a ouvert ses portes, les classes ont repris. Des fenêtres du réfectoire, à l’heure du déjeuner, on voit passer, repasser Rimbaud pipe aux dents. Ce n’est point de sa part intention de bravade : la bibliothèque est voisine, il en attend l’ouverture. Mais le principal est navré : cet olim alumnus, triomphateur des concours académiques, si heureusement préparé pour entrer des premiers à l’École normale supérieure !… Mme Rimbaud se montre absolument résolue à mettre l’insubordonné en pension. Il a nettement formulé sa volonté contraire, s’est déterminé à tout. Nos promenades nous menaient souvent dans un bois entourant des carrières, où, par explosion de mine, s’était creusée une sorte de grotte : il s’y logera le jour, dormira, aux heures de nuit, dans la hutte où les carriers font leur sieste et rangent l’outillage… si sa mère persiste à l’empêcher de vivre à Paris. Simplement il me demande — j’habitais un