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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

-Rimbaud me développe sa première idée de ce qu’il appellera plus tard (Saison en Enfer) « l’Alchimie du Verbe ». Non que déjà il songe à écrire « des nuits, des silences, des vertiges » : pour l’instant ce sont les moyens picturaux, le pouvoir d’expression qu’il veut décupler ; il cherchera dans les langues anciennes, les langues modernes, la terminologie scientifique, les parlers rustiques et populaires. C’est ainsi que nous trouvons, dans ses poèmes de 1870-71, les expressions nitide, viride, séreux, céphalalgie, strideur, latescent, hydrolat, pialat, fouffe, ithyphallique, fringalant cillement aqueduc, pubescence, hypogastre, illuné, bombillent…[1]

Au commencement de février, nouvelle tentative sur Paris. Sa montre d’argent vendue sert à payer le voyage. En arrivant, plus un sou. Présenter ses vers à un homme de

  1. Dans la lettre qu’il lui écrivit au cours de l’été de 1871, Verlaine, à qui il avait soumis ses vers, lui déconseilla l’emploi de pareils termes — tout au moins des scientifiques — Rimbaud approuva son avis ; par la suite il reconnut — on le voit dans son œuvre — qu’une langue limitée, resserrée, une langue même pauvre est souvent une langue plus forte.