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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

profondes en l’existence réglée si sévèrement de la famille Rimbaud. J’ai dit que le capitaine avait laissé à ses fils quelque chose de son esprit aventureux. L’aîné le prouve dès le mois d’août, peut-être même avant. Un régiment passe, en marche vers la frontière. Frédéric[1] emboîte le pas, se faufile dans les rangs, est accueilli par les soldats que sa bravoure amuse et qui le laissent monter dans leur wagon, partagent avec lui pain et

  1. Grand garçon très robuste, ayant les yeux bleus de la famille. Il était bon comme le bon pain. Ses camarades parfois le taquinaient bien qu’il fût plus fort que n’importe lequel d’entre eux : je ne me souviens pas de l’avoir vu donner une pichenette. Il semblait bien réunir en lui les Rimbaud et les Cuif : insouciant et gai parce que Bourguignon par ses aïeux, dédaigneux de culture intellectuelle ainsi qu’un vrai rustique. Mme Rimbaud, cependant, le maintint au collège dont il suivit les cours jusqu’à la deuxième inclusivement (1869-70). Ayant fait comme volontaire une partie de la campagne de France, il fut ensuite marchand de journaux, puis soldat pendant cinq années (exemptant Arthur), sortit du service avec le grade de sergent, fut employé dans une ferme, puis conducteur de voiture publique. Frédéric se maria, eut deux filles, un ou deux fils. Des enfants de Mme Rimbaud c’est lui qui possédait la plus résistante vitalité, il est mort vers la soixantaine.