Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

À partir de la 2e (1868-69), il arrive souvent à Rimbaud de déposer sur la chaire du professeur un devoir de vers latins fait aussi en vers français, ou des versions latines, des versions grecques traduites en vers et en prose.[1] Il ne se contente pas de traduire, de développer, il veut créer à son tour.

Chose assez remarquable, Boileau fut de ses premiers modèles, li écrivait cependant, vers cette époque, une étude fort sévère — que je me souviens d’avoir lue — où étaient signalés avec une cruelle minutie les moindres défauts de style découverts par lui chez le « législateur du Parnasse ». Mais à ses yeux trouvaient


    gaieté en quelques minutes, vous promettant à la guillotine, puis vous ouvrant sa tabatière. La réserve timide de Rimbaud, quand ils se trouvaient en tête à tête, le déconcertait quelque peu. Afin d’égayer ce farouche, il s’amusait, au cours d’une explication, à barbouiller de sa plume, abondamment garnie d’encre, le nez d’un magot en porcelaine qui décorait son encrier : l’élève se contentait de sourire poliment, sans dire un mot, ne pouvant croire, sans doute, qui ce pédagogue si criard, qui l’initiait au mécanisme de la poésie latine, ne fût pas toujours sur le point d’entrer en fureur.

  1. Seules les sciences mathématiques et physiques sont par lui délaissées.