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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

dont elle voudra, avec une fermeté méticuleuse, faire toute seule l’éducation sociale et desquels l’avenir, surtout, lui sera un souci irritant.[1] Pour les filles c’est simple : elles n’auront qu’à suivre l’exemple maternel, devenir des femmes pieuses, des ménagères économes et ordonnées. Mais les garçons ?… Elle pourrait songer à en faire des cultivateurs comme ses parents ; du reste, elle possède une ferme et des terres… Non !… Les fils d’un officier !… Mme Rimbaud va donc suivre et stimuler de toute son attention, de toute sa rigoureuse, inquiète énergie, leurs progrès scolaires.[2] Elle échouera complètement, dès le début, avec l’aîné. Avec le cadet elle pourra avoir quelque temps cette croyance éternellement déçue — puisque en

  1. Son mari parti, toutes les charges lui restent. Heureusement elle n’est pas sans fortune. Rimbaud m’a dit qu’elle avait fait de mauvais placements, perdu ainsi des sommes qu’il ne pouvait évaluer, que cependant elle disposait de six à huit mille francs de rente (vers 1870).
  2. Pour que cette histoire soit comprise, il convient de savoir que l’instruction de Mme Rimbaud était au niveau du « brevet simple » tout au plus.