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Voici l’écriture de Rimbaud adolescent ; elle ne devait pas varier beaucoup à partir de 1871.

Ce qui frappe d’abord et surtout c’est un air de bonhomie ingénue, et cette particularité, ainsi que tant de choses dans sa vie mentale, le distingue radicalement de mille autres écrivains.

Je parlais de l’allure générale du graphisme ; arrêtons-nous sur quelques détails. Les mots tendraient à monter plutôt : premier mouvement de l’esprit pour l’optimisme et la bienveillance ; la marge s’élargit : caractère concessif ; volonté, pourtant, car il y a des finaux en « coup de pioche ». Mais l’artiste ? direz-vous… Eh bien, voyez comme la hauteur des majuscules — très simples — est admirablement, étonnamment proportionnée à celle des minuscules : une habitude en lui installée, forte et permanente, celle d’architecturer savamment la parole écrite. D’autre part, les majuscules de notre poète indiquent certains manques. Pas de ces largeurs, de ces étalements qui sont le fait des sans-gêne ; pas de ces traits lancés, vifs et capricieux, trahissant la grande spontanéité ; au contraire, elles sont comme rétrécies. J’ajoute qu’assez fréquemment dans cette écriture il y a des