Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
LA VIE DE SON ESPRIT

pour la vraie connaissance et pour la poésie suprême. Il avait autrefois gémi : « La science ne va pas assez vite pour nous ! » La science venait pourtant de l’atteindre.

Ont passé à l’arrière-plan les idéals sociologiques ; la combinaison de Rousseau avec l’Évangile est remplacée par cette « clarté divine » qu’il cherchait, ne voulait pas voir, qui l’inonde enfin de ses rayons. Se sachant emporté surtout, à cette heure, vers l’ « amour divin », il a renouvelé le « pensons à moi ! » de la Nuit de l’enfer, senti que donner à Dieu tout son cœur, c’est en même temps donner tout son cœur à l’humanité à cause de Dieu ; c’est, par l’exemple d’une mort sainte, apporter au monde une si précieuse offrande d’amour, que l’homme d’Une saison en Enfer ait le droit de redire avec certitude : « Ô ma charité merveilleuse !… »

Et l’émotif qui avait entrepris de se forcer à vivre en dehors des exaltations de l’esprit, le poète qui essaya de « magnifier » l’histoire pouvait maintenant sans scrupule étancher sa soif d’émotion et de grandeur, laisser prendre à tous ses élans, comme la Vierge