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LA VIE DE SON ESPRIT

le domina, ni d’appeler à son secours le Christ et la Vierge ou les saints par des invocations jetées au hasard et que faisait revenir de l’enfance une mémoire surexcitée. Ainsi qu’avait fait Verlaine — dont peut-être il se souvint — il allait franchement à l’Église, à toute l’Église : il demandait les sacrements.

Adhésion totale, consciente, absolue.

Le prêtre qui l’assiste, qui reçoit ses derniers aveux, qui lui donne la communion, s’étonne de l’éloquence, inentendue par lui jusqu’alors, avec laquelle ce malade obscur exprime l’effusion de sa gratitude et la ferveur de sa foi, de la poésie étrangement merveilleuse dont il pare des visions du ciel ouvert devant son espoir extasié. À cet homme pieux et doux était réservée par un Dieu juste la fête de bénir la conversion d’un Rimbaud ; il était, le bon prêtre, parmi ces anges dont a parlé Jésus et qui sont si heureux « pour un seul pécheur qui fait pénitence ».

Car l’esprit du philosophe et du poète venait d’être reformé, pur de tout alliage,