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LA VIE DE SON ESPRIT

cardiaques, le rhumatisme aigu, s’attache aux membres héroïques… La douleur atroce le cloue sur son lit, vingt jours, dans l’insomnie sans pitié… Il est alors au Harar où, à force de travail, d’ingéniosité, de hardiesse, il vient d’augmenter le produit de son épargne, où il croit tenir les trois, quatre mille francs de rente qui lui permettront de vivre à sa guise. Il faut « liquider », abandonner l’établissement prospère, ne garder que quelques débris de la petite fortune.

« Puis, rien ne devant être ordinaire dans la vie de Rimbaud, ce que nous voyons passer en nos villes, bref tristement et vulgaire, la civière portant un moribond vers l’hôpital s’accompagne d’une lente caravane qui chemine durant deux semaines par soixante-quinze lieues d’âpres solitudes… »

La mort, pourtant, ne se pressa pas d’abréger les tortures. Elle les prolongea six mois encore…

« C’est une synovite, une hydarthrose, etc. » — écrit-il à sa famille, le 23 mai 1891, de l’hôpital de Marseille. — « Cela doit durer