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LA VIE DE SON ESPRIT

cette colère, bien qu’inconsciente du pourquoi… »

Était-elle si « inconsciente » vraiment ? Dieu attendait son heure. Qu’il me soit permis ici d’emprunter à mon livre précédent quelques lignes à propos des derniers jours de Rimbaud en Afrique.

« Aden, le rocher nu, la ville « dans un fond de volcan ». Pas un brin d’herbe…

« Que l’alignement des chiffres, que le maniement des sacs de café, que le travail minutieux ou fatigant des mains, que la vie sèchement pratique, assourdissante, active désespérément du commis-marchand qui échange, vend, achète, discute avec les bédouins, circule, affairé, parmi les ânes, les chameaux, les chevaux, dans les ballots, la paille, la poussière, les cris, étourdisse et trompe cette angoisse du sacrifice de gloire sur lequel, pas un instant, ne reviendra son âme obstinée.

« Si l’on s’étonne autour de lui d’une humeur sombre et farouche, si la clairvoyance de M. Bardey attribue à ce subordonné dévoué mais étrange une éducation supérieure,