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LA VIE DE SON ESPRIT

quand même ce mot charité retrouvé au cours de la crise — et qui le gardera lui aussi, — n’en ayant plus qu’une idée partielle : croyant pouvoir négliger « l’amour divin » et s’en tenant à « l’abnégation » que d’ailleurs il comprend pleinement dans le sens étymologique. Mais il doit avoir conscience que par là un lien — une soumission à défaut d’adoration — le rattache au Créateur, car son parti pris d’être inconnu et insignifiant dans le monde le met « à l’échelle » du grand tout, obéit ainsi au plan, à l’intention claire de Celui qui imposa, dans un but d’universelle harmonie, cette loi de Charité dont l’humilité en actes, préparant l’humilité dans l’âme, est une condition nécessaire.

Et le trouble douloureux, les consentements puis les révoltes vont subsister longtemps dans cet esprit qui se refuse à moitié toujours. Le poète de Sagesse eut une belle intuition de l’avenir quand il lui écrivait, en 1875 : « … Toi si intelligent, si prêt (bien que ça puisse t’étonner) ! J’en appelle à ton dégoût lui-même de tout, à ta perpétuelle colère contre chaque chose. Juste, au fond,