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LA VIE DE SON ESPRIT

« Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer — les premiers ! — Noël sur la terre ?… » (Matin).

Ou bien des sécheresses venant subitement après les effusions ardentes. Ainsi, dans Mauvais sang, alors qu’il a déclaré : « Dieu fait ma force[1] et je loue Dieu », ces réserves :

« Apprécions sans vertige l’étendue de mon innocence… Je ne suis pas prisonnier de ma raison [2]… Je veux la liberté dans le salut… »

Cette ingratitude :

« Les goûts frivoles m’ont quitté. Plus besoin de dévouement ni d’amour divin »…

  1. Souvenir d’Isaïe (ch. XIIe) voir, dans Les Poètes de sept ans :

    Il lisait une bible à la tranche vert chou…

    De même Hugo fut hanté, toute sa vie, par la Bible.

  2. C’est sa raison qui parle et il est convaincu, mais pourquoi obéirait-il, agirait-il d’après sa conviction… seulement ; Aveu sincère d’une inconséquence bien humaine : il y a la logique, il y a aussi nos instincts.