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LA VIE DE SON ESPRIT

en lui de force, il ne cria pas. Rimbaud crie, se relève, continue, machinal, d’aller devant lui, sourd à la voix qu’il a entendue, écoutée un instant.

Il pense avoir retrouvé le calme, avoir tiré le meilleur parti de cet enfer dont il sort : « Tenir le pas gagné ! » Et en somme tout n’est point annihilé de l’inspiration reçue : le mépris qu’il va « gagner », en effet, des ambitions et de la gloire, le vouloir de « médiocrité » qui le rattache à Rousseau et qu’il va retenir, c’est, sinon la charité religieuse, au moins sa vertu conditionnante, qu’il faut nommer sans cesse, l’abnégation. Il n’a donc pas, quoi qu’il fasse, perdu tout contact avec ce Dieu qu’il n’insulte plus, mais dont il veut, boudeur, se détourner une fois encore.

Et notez bien que s’il refuse, c’est sans une parole hostile, sans un mot de discussion.

Au cours du monologue désordonné dépeignant très exactement la mêlée psychique, nous avons du reste assisté au phénomène connu de ceux qui éprouvèrent les fortes aspirations religieuses : rêves différents, que l’on croyait éliminés, qui se représentent :