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LA VIE DE SON ESPRIT

nous suit ne permettra pas qu’il se délivre jamais.

Bien qu’il le veuille. Dans Nuit de l’enfer le combat est dur : « … La peau de ma tête se dessèche. Pitié, Seigneur. J’ai peur. J’ai soif, si soif !… Marie ! Sainte Vierge !… Horreur de ma bêtise !… »

Pourtant, grâce à l’évocation du double amour, le salut va venir tout près : « Je vois que la nature n’est qu’un spectacle de bonté… Adieu chimères, idéals, erreurs… Le monde est bon ; je bénirai la vie, j’aimerai mes frères… » (Mauvais sang). Et enfin, dans L'Impossible : « Mais je m’aperçois que mon esprit dort. S’il était bien éveillé toujours à partir de ce moment, nous serions bientôt à la vérité, qui peut-être nous entoure avec ses anges pleurant !… S’il avait été éveillé jusqu’à ce moment-ci, c’est que je n’aurais pas cédé aux instincts délétères, à une époque immémoriale ! — S’il avait toujours été bien éveillé, je voguerais en pleine sagesse !… Ô pureté ! pureté ! C’est cette minute d’éveil qui m’a donné la vision de la pureté… Par l’esprit on va à Dieu… »