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LA VIE DE SON ESPRIT

vient : souvenir surgi, délicieux, des fêtes sacrées ; avec cet image l’association s’est faite aussitôt de joies très saines, de sentiments très purs ; à la réflexion, il veut dédaigner ces effets de la « sale éducation d’enfance », mais ne peut faire que le plaisir n’en soit resté, et la preuve la voici : « Jadis ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient… »

Autre aveu non moins significatif : « Je suis esclave de mon baptême… l’enfer ne peut attaquer les payens ». (Nuit de l’Enfer). C’est déclarer qu’il souffre parce que tourmenté par un retour offensif de la foi primitive, et que son esprit fut éduqué de manière à ne plus pouvoir se réfugier dans les torpeurs de l’indifférence. Qu’il se plaigne de l’asservissement, n’importe, pourvu qu’il serve ! Ainsi qu’autrefois l’on imprimait sur l’épaule de l’esclave un signe qu’il ne pourrait effacer, qui le mettait dans une espèce d’hommes à laquelle il appartiendrait jusqu’à sa mort, le poète d’Une saison en Enfer a été marqué par la religion chrétienne, et de cette marque le Dieu miséricordieux qui nous protège et