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LA VIE DE SON ESPRIT

Dans un ouvrage de piété écrit par un religieux, pour des âmes dévotes, on ne trouverait pas, au moins en si peu de pages, une plus grande fréquence des mots Dieu, Seigneur, Christ, et moins souvent — parce qu’étant sous entendue — l’expression Charité que le littérateur Rimbaud ramène à toute minute, au risque d’être accusé de redondance, même de radotage. C’est que cette idée vient d’évoquer une époque dont sa pensée ne put jamais, quoi qu’il fit, se détacher entièrement, et la représentation Charité reconstruit, on dirait, toute la mentalité du « petit cagot » qui se fit meurtrir à l’entrée d’une chapelle pour imposer le respect de l’eau bénite.

Qu’est-il donc arrivé au Rimbaud d’après, à celui qui fut le poète de Soleil et Chair, du Mal, des Pauvres à l’Église, à l’esprit que nourrirent Lucrèce, Diderot, Helvétius ?

    phrase, qui flamboie comme un éclair de génie — parmi le chaos fuligineux des résolutions contradictoires : « La vision de la justice est le plaisir de Dieu seul », et n’est cependant qu’un souvenir, encore, de l’enseignement chrétien : Dieu seul est juste.