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LA VIE DE SON ESPRIT

violer chaque article du Décalogue, nous devenons mauvais de toute manière. C’est reconnu très clairement par Rimbaud : « Hier je soupirais : « Ciel ! sommes-nous assez de damnés ici-bas ! Moi j’ai tant de temps déjà dans leur troupe. Je les connais tous. Nous nous reconnaissons toujours : nous nous dégoûtons. La charité nous est inconnue ». (Extrait du chap. L'Impossible). Enfin au poète poursuivant obstiné du bonheur : « … mon remords, mon ver… J’ai fait la magique étude Du bonheur, que nul n’élude… » on avait appris notamment : C’est beaucoup, pour ramener la tranquillité de l’âme en ses inquiétudes perpétuelles, que pouvoir se dire : Je suis sûr au moins de n’avoir pas péché contre la charité. Et voyez, au cours de ses angoisses dans le chap. Mauvais sang : « Je n’ai pas fait le mal, les jours vont m’être légers, le repentir me sera épargné, je n’aurai pas eu les tourments de l’âme presque morte au bien, etc. »

Ainsi l’enseignement de la troisième vertu théologale est ce qui a le plus frappé Rimbaud, ce qui lui est resté vague et subcons-