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LA VIE DE SON ESPRIT

mandement : « Fais à autrui ce que tu voudrais que l’on te fasse. » Il n’y a pas de doute : on demande pour soi l’aide, la concession, l’indulgence (que l’on appelle « compréhension » ), et si nous analysons ce qui se passe en nous quand nous voulons obéir au précepte, nous voyons que nous ne pouvons faire au prochain, céder au prochain, ce que nous lui demandons de nous céder ou de faire pour nous, comprendre le prochain comme nous voulons qu’il nous comprenne, sans agir plus ou moins contre le « moi », ses susceptibilités, les tendances qui se sont installées en lui par habitude et agissent fortement, c’est-à-dire sans comprimer, violenter, émonder, mutiler en quelque sorte le « moi[1] », c’est-à-dire sans abnégation. Il y a beaucoup de prêtres qui célèbrent de préférence la Charité, la considérant comme stimulant capital de toute vie spirituelle. L’éducateur de Rimbaud était de ceux-là. Il lui a enseigné que la charité est par excellence la vertu d’activité, la

  1. Ce qui aboutit à le reconstituer plus vaste et plus beau.