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LA VIE DE SON ESPRIT

de christianisme, en sorte que la passion de l’égalité chez Rimbaud fut encore du christianisme réminiscent.

Réminiscence qui éclate soudain en mémoire claire : « … Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient… J’ai songé à retrouver la clef du festin ancien où je reprendrais peut-être appétit : La Charité est cette clef. » Il avoue cela au début du livre, dans une sorte d’introduction écrite évidemment en dernier lieu, et servant à résumer la transformation morale qu’il vient de subir. Qu’entend-t-il par ce mot de Charité ? Ce n’est pas la bonté simple ; il dit d’autre part : « Sa bonté et sa charité lui donneraient-elles, etc. » Il a distingué les deux mots, les deux sens. Le terme de charité, dans son esprit, a une signification nette. Certainement il pense à la vertu chrétienne, car nous le trouvons accompagné du mot abnégation.

Sacrifier quelque chose de soi-même — on e lui a expliqué au catéchisme — est une condition nécessaire pour exécuter le com-