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LA VIE DE SON ESPRIT

orgueil de M. Crouet, fut, comme en classe latine, le premier du petit catéchisme, du grand catéchisme, du catéchisme de persévérance. Les formules du livre, les explications de l’aumônier, sa précoce intelligence les absorbait aussitôt, se les assimilait profondément ; les exercices pieux à cet esprit absolutiste ne pouvaient que donner la ferveur, et l’on voit, par ses reniements éperdus, ses récriminations furieuses de plus tard (op. cit.) qu’il ne priait point du bout des lèvres et par mécanisme d’habitude. Le vouloir, toujours si vif chez Rimbaud, n’agissait pas à demi quand il fallait fondre son cœur au sens des paroles adorantes, et il priait, c’était inévitable, avec une sorte d’emportement. Cela fait les martyrs, un jour il pensa l’être. À l’entrée de la chapelle du collège, il vit des « grands » qui se jetaient l’eau bénite au visage : dérision criminelle, profanation ; le bambin voulut les repousser, les battre, fut battu, causa un hourvari qui valut à tout le monde, naturellement, une punition sévère, et à lui, en plus, le surnom de « petit cagot » dont les impies, quand ils le recontraient