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LA VIE DE SON ESPRIT

On a pu remarquer surtout, dans la Saison en Enfer, une redite qui se présente jusqu’à onze fois : Charité, Amour divin (Voir, dans l’édition du Mercure de France, aux pages 9, 23, 30, 31, 33, 56, 59, 86, 109). La seconde expression est employée trois fois pour sa part. Elle montre qu’il a retenu certains enseignements de son catéchisme et se rappelle fort bien la définition de Charité : amour de Dieu, amour du prochain, ce qui résume simplement la double formule du Christ : 1° Vous aimerez Dieu de toute votre âme et de toutes vos forces ;Vous aimerez votre prochain comme vous-mêmes, ces deux indications étant conclues, étant sanctionnées par un ordre sans réplique : C’est la Loi[1].

  1. Tout le christianisme repose là-dessus, et c’est une des preuves que son fondateur est Dieu. Si Jésus-Christ avait été un simple agitateur voulant recruter des partisans, il aurait cherché plutôt à inspirer la colère et l’enthousiasme qui font mépriser le péril des batailles. Sa morale, au contraire, ne pouvait former que des inoffensifs, parfaitement inutiles pour réaliser les projets d’un ambitieux. Son insistance à revenir toujours sur l’amour du prochain, le soin qu’il met à