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LA VIE DE SON ESPRIT

quête la plus durable que présente l’histoire du monde. Alors que les puissances politiques et militaires s’écroulent, n’étant plus appuyées par les peuples déçus, que les entreprises de l’homme demeurent confuses dans leurs résultats ou sont abandonnées, nous la voyons — inébranlable après bientôt deux mille ans, acceptée pour des besoins moraux qui sont universels, ne varient pas et qu’elle seule peut satisfaire — en voie d’accroissement continuel et s’étendant peu à peu sur la surface entière du globe.

C’est l’idée chrétienne, a-t-il dû penser, qui répond le mieux aux tendances de notre logique : il apparaît que notre esprit fut irrésistiblement, par un pouvoir supérieur, entraîné à la recevoir, même s’il se méprend chez quelques races et adopte ce succédané : « la sagesse bâtarde du Coran[1]. »

Et le voici remis en face des croyances naguère maudites ou bafouées en plusieurs de ses poèmes.

  1. Troisième parag. du chap. L’Impossible. Je ne parle pas de l’Orient extrême où n’existent plus que des poussières de religions.