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LA VIE DE SON ESPRIT

d’abord en la rage du désespoir : « Soulever d’un poing desséché le couvercle du cercueil », il l’accepte et le veut ensuite avec calme, avec la fermeté d’une résolution définitive. Le tombeau, sans doute, est proportionné à l’âme, il a l’étendue presque du monde, se compose de grandes villes, de routes poudreuses, d’océans, de déserts, de forêts sauvages. C’est la solution cherchée, découverte au milieu d’une épouvantable crise : « la vérité dans une âme et un corps ». Sa bonhomie farouche a trouvé qu’un idéal démocratique dont on désespère, il n’y a qu’à le réaliser en soi par cette médiocrité de vie que l’Égalité exige. Et pour que l’acte d’humilité soit complet et sincère, non moins logiquement il estime que le sacrifié n’en doit rien dire. Et pour que la satisfaction d’un tel idéal soit plus absolue, il faut que la

    hommes, il est préférable que celui qui voit jusqu’au fond le creux de leurs belles paroles fuie leur société et par lui-même suffise à son âme… Race humaine, c’est parce que tu admires, parce que tu cherches la pompe vaine de la richesse et du pouvoir social que tu es asservie à leur possession. Réduis tes besoins…