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LA VIE DE SON ESPRIT

consentir à n’être qu’un pauvre, un ouvrier, un commis, un serviteur, gagner son pain en acceptant les triviales besognes, mais… où il plaira, dans autant de lieux divers, au moins, qu’il sera possible. Et pour être en état d’aller partout, de vivre partout, il apprend une demi-douzaine de langues étrangères.

Le renoncement à la littérature, aux profits de la gloire, a lieu total et sans retour. L’histoire de Rimbaud à partir de 1874, faite d’aventures plutôt quelconques, si on les compare à celles de cent autres errants modernes ou anciens, ne compte plus… sinon par ce fait, d’ailleurs très grand, qu’il veut désormais n’avoir pas d’histoire.

S’en étonner équivaut à refuser de comprendre une nature de poète. Après tout, l’idée de « s’évader », comme il dit, appartient-elle exclusivement à l’auteur d’Une Saison en Enfer, et ne lui trouverons-nous pas un précurseur, ou mieux un frère aîné ?…

« If there be no love among men » écrivit