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LA VIE DE SON ESPRIT

tu renonces à ton propre esprit, et comme tu ne le veux pas, comme tu ne le peux pas, il faut être conséquent avec toi-même. Ce qui t’a révolté dans autrui c’est l’égoïsme, eh ! bien : dévouement !

Certes, sa générosité, son courage l’y portaient, mais ce devait être alors l’activité à outrance en vue d’amener la justice sociale… et « les outils, les armes, le temps ?… » (Mauvais Sang).

Rendons-nous compte que Rimbaud vit à une époque où règnent encore les légendes révolutionnaires et où l’on croit à la seule efficacité d’une action rapide et violente. De là son découragement exaspéré, puis ses regrets attendris quand l’idée de « justice » apparaît : « Plutôt s’en garder : la vie dure, l’abrutissement simple… Ô ma charité merveilleuse ! Ici bas, pourtant !… » (Mauvais Sang).

Mais il parlait ainsi[1] avant la diversion

    « Ne fais pas à autrui, etc. » On sait que Kant, destiné par ses parents à la carrière de pasteur, étudia la théologie.

  1. N’oublions pas que Saison en Enfer décrit un