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LA VIE DE SON ESPRIT

ture, la logique est un bourreau ; mais à qui la faute ? À celui qui voulut vivre exclusivement pour la pensée. Rimbaud devait se souvenir que Rousseau écrivit sur les abus de la dialectique[1] parce que lui aussi en fut l’amant et la victime. Ce qui affole le « damné », c’est que la logique, dont il a accepté, dont il a aimé la domination, ne le lâchera pas qu’il ne meure ou consente à obéir. Et son ordre a été double : un de ton religieux — nous le verrons plus loin, — un de ton rationaliste qu’il entend ainsi : Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle.

C’est-à-dire que, te plaçant au pur point de vue négatif ou critique, tout ce que tu as blâmé dans les actions d’autrui, tu ne peux t’empêcher de le blâmer en toi, car si tu consens à désavouer tes blâmes passés, tu ne peux renoncer aux blâmes futurs. C’est-à-dire que si tu nies l’impératif catégorique[2],

  1. Discours sur le progrès des sciences et des arts.
  2. Qui n’est au fond qu’un souvenir de l’Évangile :