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LA VIE DE SON ESPRIT

« La vieillerie poétique avait une bonne part… » Il voulait perfectionner bien plus encore le « verbe poétique accessible à tous les sens », il essaya, dit-il, d’écrire des silences, des nuits, de noter l’inexprimable, de fixer des vertiges. Il déclare, en se plaisantant, que « la traduction » était réservée, convient qu’ensuite il préféra contempler le désordre de son esprit : « Je m’habituai à l’hallucination simple : je voyais très franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges… un salon au fond d’un lac… », avoue aussi que tous ces viols de l’âme par la sensation produisirent une inquiétante exaspération des facultés psycho-physiologiques : « Un titre de vaudeville dressait ses épouvantes devant moi… J’enviais la félicité des bêtes… Mon caractère s’aigrissait. Je disais adieu au monde… »

Cependant « la visite des souvenirs » l’aide à gagner les portes de son « enfer » et nous voyons les derniers tressauts dans le brasier. C’est la lutte de l’instinct providentiel, de la loi qui oblige tout homme à désirer la paix du cœur, contre les « développements cruels