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LA VIE DE SON ESPRIT

qui les a engendrés et qu’ils reproduisent, la connaissance des théories rassemblées, systématisées… ou forgées… au XVIIIe siècle, la possession par celles-ci tour à tour, jusqu’au moment où il lui parut inutile et pénible de vivre pour autre chose que pour l’ « idée ». Mais l’esprit devenant unique maître, l’instant devait arriver où il ferait dominer ce qu’il y a en lui de plus constitutif et de plus fort : la logique. Elle dit au penseur égalitaire : La littérature tend à la gloire : c’est abusif, c’est menteur, c’est vain.

Si puissante qu’elle soit, la logique ne peut agir seule dans l’ « âme unie à un corps ». Avec le raisonnement s’est développé le sens moral, et, non moins que celui-ci, l’imagination tient à l’organisation sensible : on ne la comprime pas sans douleur. « J’ai essayé, dit-il, d’inventer de nouvelles fleurs et de nouveaux astres » : voilà des jouissances qu’il faut perdre… « Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée » : presque le mot de l’impérial joueur de lyre, quand il se fit enfoncer un poignard dans la gorge.

Heure « sévère », en effet, dans cette vie de