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LA VIE DE SON ESPRIT

honnête, mais imbue d’esprit bourgeois, entendit vanter les « belles positions », aurait dû être suggestionné, appartenait au contraire à cette catégorie d’êtres — il y en a plus d’un, garçons ou filles — qui sont portés à constamment réagir contre les habitudes, le tour d’esprit, les sentiments parentaux. En sorte que, pour son compte, il détesta la conception d’une supériorité sociale dès l’âge où les impressions enfantines poussent leurs racines les plus indestructibles[1], et que plus tard, dans les limites imposées par l’imperfection humaine, il ne put être que l’idéaliste pur.[2]

Tout y concourut : la formation artistique, la science des mots, la réception en lui-même, très pénétrante et vive, du travail pensant

  1. Je suis forcé de rappeler une œuvre qui contient plusieurs lignes « objectionables », mais qu’il faut nécessairement lire pour s’initier à Rimbaud : Le Poètes de sept ans.
  2. C’est l’effet que me firent toujours le petit adolescent rose, expansif, passionné de 1870, et l’homme athlétique, au teint hâlé, qui cachait ses luttes intérieures sous un sourire de bonhomie en la période 1872-75.